Quatorze participants ont suivi l'excursion Bretagne 2019 organisée et conduite par B. Cabanis, géologue; elle s'est déroulée dans d'excellentes conditions.
J'en donne ici un bref résumé en y incluant de nombreuses photos prises par Marie Esnault mais aussi par certains participants que je remercie tout particulièrement (Isabelle et Pascal Sécordel, Armelle Labbé, Vincent Hofer et Ronan le Boulaire)
Le vendredi 21, le groupe s'est retrouvé à Plounéour-Ménez dans les Monts d'Arrée et le premier arrêt a eu lieu à Roc Trévezel (483m) un des points culminants de la Bretagne situé sur une arète de schistes et quartzites de Plougastel du dévonien inférieur formant ici un synclinal perché entre deux failles E-W.
Du sommet des rochers nous avons pu effectuer un vaste panorama sur les environs ; au nord le bassin de Morlaix et le Pays de Léon, au sud la dépression anticlinale briovérienne avec le marais de Yeun Ellez, le lac Saint Michel et les vestiges de la Centrale de Brennilis. A l'horizon, les reliefs des Montagnes Noires qui limitent le synclinorium médian de Bretagne centrale et vers le Nord Ouest les sommets du Mont Saint Michel de Brasparts et du Ménez-Hom, tous deux en grès armoricain de l'Ordovicien.
Le deuxième arrêt au Huelgoat a permis de visualiser le magnifique granite hercynien du Huelgoat reconnaissable à ses cristaux foncés de cordiérite et d'effectuer une balade dans le célèbre chaos le long de la Rivière d'Argent, nom rappelant les anciennes exploitations minières de plomb argentifère.
Un détour par la célèbre "Roche Tremblante" de 150 tonnes qui oscille légèrement sur son socle à condition de trouver le bon emplacement et la bonne position (voir photos).
Un important détour nous a emmené jusqu’à la Vallée des Saints près de Carnoet. Ce projet « pharaonique » baptisé par certains l’Ile de Pâques bretonne, compte actuellement plus de 300 statues géantes en granite représentant les principaux saints bretons, le tout situé dans un cadre magnifique. On ne regrette pas le détour dans ce lieu magique….
Nous avons pris ensuite la route jusqu’à Lannion pour notre première étape à l’hôtel Arcadia situé sur la route de Perros-Guirrec. Un sympathique apéritif de bienvenue nous y attendait.
Samedi 22 juin
La météo étant très favorable, la matinée est consacrée au granite rose de Ploumanach-Trégastel et à ses contacts avec les roches anciennes du Trégor.
Nous débutons la balade par la plage du Ranolien avec les gneiss anciens de Perros-Guirrec âgés de 2 milliards d'années recoupés par des diorites de Perros (615 MA), des filons de roches basiques plus récents et de spectaculaires filons de granites roses sous forme d'aplites à grain fin ou de pegmatites à grands cristaux. Par les rochers nous gagnons la plage de Pors-Rolland située dans les granites roses à gros grains de la Clarté situés à la périphérie du massif et les plus anciens (315 MA).
Après une escalade un peu périlleuse dans le chaos granitique, nous rejoignons le sentier de randonnée que nous suivons jusqu'au phare de Ploumanach sous un soleil magnifique.
Avant le déjeuner nous gagnons Trégastel et les rochers situés au sud de la Grève Rose qui montrent un très grand nombre d'enclaves (xénolithes) de roches encaissantes au sein du granite.
Nous pique niquons sur la grève située au sud à l'abri du vent
Avant de quitter Trégastel, nous effectuons un panorama circulaire sur le massif granitique de Ploumanach qui s'étend depuis Ploumanach-La Clarté jusqu'à Trébeurden en passant par le centre du massif situé sur l'Ile Grande sur laquelle on peut observer les granites les plus récents.
Nous nous rendons à Trébeurden vers 15h30 pour accéder à marée basse à l'Ile Millau. Trébeurden est situé sur la bordure sud du granite de Ploumanach et l'Ile Millau montre un contact tranché (à l'emporte pièce) entre les roches de l'encaissant, ici des schistes et quartzites lités et redressés à la verticale et le granite.
Après une marche assez éprouvante dans les rochers du versant sud de l'Ile Millau, le contact entre le granite et les schistes lités est tout à fait spectaculaire.
Nous terminons la journée par le joli panorama de la Pointe de Bihit formée par des gneiss très anciens et une rapide incursion sur la grève de Porz-Mabo. La fatigue se faisant sentir, nous n'irons pas jusqu'aux orthogneiss oeillés icartiens datés à 2 milliards d'années, seul Vincent, notre infatigable et passionné géologue, ira récupérer quelques échantillons.
Dimanche 23 juin
Ciel gris et pluvieux le matin. Après les courses, nous nous rendons à Trégastel dans la baie de Sainte Anne pour visualiser le mélange entre des roches basiques sombres (gabbros) et le granite rose. Ces figures de mélange sont en faveur de la contemporénaité des deux magmas.
Un peu de tourisme dans Perros-Guirrec (plage du Trestraou) et nous filons dans le Trégor vers le Gouffre et la Pointe du Château.
En arrivant sur le parking du Gouffre bien aménagé nous improvisons un pique nique.
Après le déjeuner, balade jusqu'au "Gouffre" appellation donnée à une pointe rocheuse granitique recoupée par d' importants filons de roches sombres à composition de basalte appelés "Dolérites". Le panorama sur les granites cadomiens du Trégor (615 MA) vers l'ouest est magnifique.
Nous faisons la traditionnelle photo du groupe à l'extrémité de la Pointe d'où nous surplombons les nombreux filons noirs de dolérites
Puis nous descendons dans les rochers observer les filons de dolérite et leur chronologie relative (cf. photo)
Nous quittons Plougrescant pour Pleubian et gagnons Port Béni à l'entrée de l'estuaire du Jaudy pour observer différents types de roches dont les fameux orthogneiss oeillés (ancien granite à grands feldspaths roses déformés) et datés à -2 milliards d'années par des méthodes de chronologie absolue sur minéraux radioactifs (ici la méthode Uranium-Plomb sur Zircons).
Nous terminons la journée par un panorama sur le Sillon de Talbert un peu embrumé à partir du site de mémoire tristement célèbre de Créach Maout.
Nous gagnons Paimpol et la route de Pors Even pour nous rendre à l'hôtel Bocher, notre dernière étape.
Lundi 24 Juin
La matinée débute par la Pointe du Guilben en rade de Paimpol pour découvrir les célèbres pillow-lavas (coussins ou oreillers de basalte mis en place en fond sous-marin. La géochimie de ces pillows lavas a permis de les attribuer au fonctionnement d'un arc insulaire à la fin du Précambrien dans le Trégor .
Au milieu des pillow lavas parfois très bulleux on peut trouver des précipitations de silice sous forme de cornaline rouge (variété de jaspe)
Après un court arrêt à la Pointe de Minard pour observer les schistes et quartzites verticaux du Briovérien (600 MA), nous gagnons la plage de Bréhec où la marée est encore haute.
Nous en profitons pour une petite dégustation de fruits de mer (moules marinières, couteaux, huîtres...) arrosée de cidre dans un sympathique restaurant.
Pendant le repas la mer a baissé et nous pouvons traverser la plage de Bréhec pour observer les formations rouges ordoviciennes en strates faiblement inclinées. De nombreuses figures de sédimentation sont visibles dont les muds cracks (fente de dessication de boue).
En revenant vers le début de la plage, on observe à la base de cette formation rouge des niveaux de conglomérats à gros galets de quartzites, quartz blancs et phtanites noirs.
Plus loin le conglomérat faiblement incliné repose sur les quartzites briovériens redressés à 80°. Il s'agit d'une discordance entre le Briovérien fortement plissé à la fin du Précambrien durant l'orogenèse Cadomienne et le conglomérat ordovicien faiblement plissé à la fin du Primaire durant l'orogenèse Hercynienne : c'est la discordance cadomienne.
L'excursion se termine vers 17h sur la plage de Bréhec et le groupe se sépare sur le parking de Bréhec.
Vous trouverez ci-dessous d'autres photos légendées de notre excursion
Plis dans les schistes et quarzites dévoniens de Roc Trévezel, ici en premier plan un pli synclinal en cuvette
Gros filon de dolérite en noir dont l'érosion plus rapide que celle des granites encaissants provoque une saillie dans la falaise
Pillow-lavas basaltiques de la Pointe du Guilben moulés les uns sur les autres, la polarité est dirigée vers le haut de la photo